La semaine dernière, j’ai assisté à un congrès à Palerme où un intervenant a fait un étrange discours : il se servait sans cesse du PIB pour mesurer le bonheur des habitants de chaque pays. Une telle utilisation de cet indicateur m’a rendu perplexe, pour ne pas dire franchement dubitatif. Le PIB en tant que mesure du bonheur pose à mon sens deux problèmes. En premier lieu, faut-il s’intéresser au PIB total ou au PIB par habitant ? Cela dépend en fait en partie de la question à laquelle on veut répondre. Le PIB total offre un indice de la dimension de l’économie, qui peut révéler quelque chose sur son poids dans l’économie mondiale. Mais si on s’intéresse au niveau moyen du bonheur d’un individu représentatif au sein de l’économie, il est plus logique de considérer le PIB par habitant. Par exemple, si le PIB réel a augmenté plus rapidement en Australie qu’en France entre 1870 et 1980, cela a été dû en partie à une croissance très rapide de la population, notamment par l’intermédiaire de l’immigration. Au cours de la même période, le PIB par habitant a crû plus rapidement en France. En supposant même que nous sachions ce qu’est le bonheur et qu’il puisse se mesurer, le PIB par habitant est un indice très imparfait de ce bonheur individuel moyen dans un pays. Quand le revenu est partagé également entre les citoyens, le PIB réel par habitant nous indique ce que chacun obtient. Mais la répartition du revenu est très inégale dans des pays tels que le Brésil. Quelques personnes gagnent des sommes énormes et une masse de gens gagne très peu. Dans ces pays, i1 est possible que le revenu réel par habitant soit élevé alors qu’un grand nombre des citoyens a en réalité un sort misérable. S’il est en quelque sorte rassurant pour des Français de situer l’illustration au Brésil, il faut néanmoins admettre que des écarts importants existent aussi dans l’hexagone. En outre, un PIB par habitant plus élevé n’équivaut pas nécessairement à un bonheur plus grand. Les biens matériels ne sont en effet pas tout. Cela dit, force est de constater qu’ils contribuent au bonheur. Les mouvements incitant les gens à revenir à une « vie simple » n’ont d’ailleurs pas beaucoup de succès, et la plupart des pays peu industrialisés s’efforcent d‘accroître leur PIB aussi vite que possible. En définitive, donc : même si le PIB ne peut être un indicateur pour mesurer le bonheur, on peut tout de même dire qu’une régression du PIB n’est pas considérée comme un atout dans l’obtention du bonheur… Ce congrès a en tout cas quant à lui été un vrai moment de bonheur. En cause, une organisation aux petits soins comme je n’en avais pas connu depuis longtemps. D’ailleurs, je vous mets en lien l’agence qui l’a organisé. Je ne fais pas souvent de la publicité tierce, mais elle a du mérite. Pour plus d’informations, allez sur le site de l’organisation du séminaire entreprise à Palerme et trouvez toutes les informations.
Palerme: un congrès du bonheur
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